France Relance : encore du chemin à faire pour la rénovation énergétique ?
Un peu plus d’un an après son lancement durant l’été 2020, le plan France Relance a eu le droit à son premier rapport d’évaluation, livré ce mardi 26 octobre. L’occasion de revenir sur les gains économiques et énergétiques permis grâce au soutien aux travaux de rénovation, que ce soit pour les logements privés ou les bâtiments publics.
Le rapport d’évaluation du plan France Relance a été remis ce mardi 26 octobre au gouvernement. C’est la première fois qu’un plan de soutien public est analysé aussi rapidement, c’est-à-dire un peu plus d’un an après son lancement. Sûrement est-ce dû à l’importance de son enjeu : redresser l’économie française aux niveaux pré-pandémiques.
« L’objectif macro-économique de court terme est atteint ou va bientôt être atteint en termes d’activité, et encore plus en termes d’emplois », a résumé Benoît Coeuré, président du comité d’évaluation, lors d’une présentation du rapport à la presse. Un constat corroboré par un taux de chômage à 7,6 % au troisième trimestre dernier, soit en-dessous de son niveau fin 2019 (8,1 %), tout comme le pouvoir d’achat des ménages, qui progresserait de +1,9 % en 2021 par rapport à 2020.
Le président du comité d’évaluation reste toutefois sur ses gardes, craignant le risque « qu’en privilégiant un décaissement rapide et une massification des aides, on perde en qualité ce qu’on a obtenu en quantité, et qu’on ne sache pas mesurer l’impact transformationnel, sur la compétitivité ou sur la transition énergétique de ce plan ». Sans compter les pénuries de matériaux et de main d’œuvre encore prégnantes dans la reprise économique, notamment celle du bâtiment.
Un gain énergétique encore mitigé
Une crainte qui porte sur la rénovation énergétique, notamment des bâtiments publics. Les travaux pouvant être exécutés rapidement ont été privilégiés, ce qui a parfois « conduit à sélectionner des gros projets à impact énergétique plus faible », commente Benoît Coeuré.
Le bilan repose pour le moment sur des estimations des gains énergétiques attendus et de réduction d’émissions de gaz à effet de serre. Ainsi, sur les 4 214 projets soutenus, 3 257 permettraient d’économiser 0,5 TWh par an et 3 136 conduiraient à une réduction totale de 151 000 tonnes équivalent CO2 par an.
Dans l’attente de données plus complètes, on présume que le chemin reste long en matière de rénovation énergétique pour le bâtiment tertiaire, quand on sait qu’il représente 28 millions d’émissions de CO2. Le secteur résidentiel reste cependant le plus émetteur, avec 43 millions de tonnes d’émissions de CO2.
Les 4,4 milliards consacrés à MaPrimeRénov’ sur la période 2021-2022 devraient toutefois soutenir la décarbonation du parc de logements. Initialement destinée aux ménages modestes, l’aide s’est en effet élargie aux revenus intermédiaires et supérieurs, ainsi qu’aux propriétaires bailleurs. Cela n’empêche que 81 % des bénéficiaires seraient des ménages « aux revenus modestes ou très modestes », selon le comité.
Le gain énergétique moyen associé à ces travaux reste toutefois mitigé. Certes estimé à 1,7 TWh/an au T1 2021 par le sécrétariat du comité, soit le double de celui estimé pour les travaux validés en 2020 (0,8 TWh/an), il ne représente que 0,4 % de la consommation énergétique des résidences principales en France en 2019. Toutefois, comme pour les bâtiments publics, les chiffres restent pour l’instant à prendre avec des pincettes, l’impact réel ne pouvant être précisé qu’après livraison des travaux.
Source : Batiweb Virginie Kroun